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Un jeu dangereux

S’il y a un jeu qui s’avère dangereux pour les enfants, c’est bien le jeu de l’égo. Je vous laisse en juger. Il s’agit d’un jeu de construction avec lequel un enfant livré à lui-même, s’amuse à tout construire lui-même, à tout décider lui-même, ce qu’il doit porter comme habit, ce qu’il veut manger, ceux à qui il doit dire bonjour, ses moments pour être poli, ses moments pour faire ses caprices. Il s’agit donc d’un jeu moderne, qui consiste à reconnaître qu’un enfant a déjà tous les petits cubes de construction de sa vie en sa possession, et que c’est à lui de décider, comment il mettra tout cela en place. Comme c’est mignon!

Le jeu de l’égo est mondialement connu. Il a la réputation de permettre à chaque enfant de saisir sa chance, et d’être diablement équipé, à la fois contre l’échec, et dans certains cas exceptionnels pour l’échec. S’il arrivait toutefois qu’il échoue, le règlement prévoit qu’il n’en serait jamais tenu pour responsable. D’ailleurs, tout est ingénieusement conçu pour que l’enfant apprenne naturellement à ne pas assumer ses erreurs, à ne pas s’en repentir, mais à toujours se justifier, et à rejeter sans cesse la faute sur les autres. Ainsi dans le jeu de l’égo, l’enfant doit tout apprendre lui-même, sans aucune surveillance, sans aucune réprimande ni aucune sévérité, de peur d’abimer ses petits cubes de personnalité extrêmement fragiles.

C’est pourquoi le jeu interdit toute forme d’intervention et d’autorité parentale, car dit-on, la nature se corrigeant elle-même, pourquoi intervenir ? C’est du moins ce que disent certains depuis un certain temps, sans qu’ils soient certains de ce qu’ils affirment.

Un des avantages du jeu de l’égo, c’est qu’il est gratuit. Il ne coûte rien aux parents. C’est un JE qui peut durer longtemps. Avec lui on naît, on est et on meurt. C’est le JE de l’égo, un JE qui laisse la nature faire son chemin, la nature du péché. Un JE qui n’apprend pas les grandes valeurs de l’obéissance et de la soumission, mais qui exclut ces grands voleurs de liberté. C’est un jeu qui dresse un trône pour l’enfant, là où il pourra confortablement régner sur ses parents et sur toute forme d’autorité. Cela garantit au jeu de l’égo un avenir florissant. Il permet aux enfants qui se le sont appropriés très tôt, de construire le monde actuel, un monde dans lequel il est roi et tous les autres sont ses sujets.

D’un jeu à l’autre

Finalement, le jeu de l’égo permet de construire aussi un autre jeu, c’est le jeu d’échec: échec scolaire, social, sentimental, familial. C’est le jeu d’échec, des chèques volés, des chèques en blanc signés par des parents insouciants. C’est un jeu de manipulation et de ruse, bannissant l’amour et les sentiments. On est là pour gagner fièrement et tant pis pour le perdant ! À la fin de la partie, on crie victoire, oubliant vite tous ceux qu’il a fallu sacrifier sur l’échiquier de la vie, pour se retrouver ensuite seul. Cette solitude n’est pas celle que l’on subit injustement à cause des autres qui nous oublient, mais celle qu’on a construite nous-mêmes, avec nos petits cubes égoïstes, en construisant un mur autour de nous, en méprisant, en rejetant et en oubliant les autres.

Ceux qui jouent donc au jeu de l’égo finissent parfois déprimés, drogués, alcooliques, suicidaires, car ce n’est pas un jeu de société ordinaire, cela ne construit pas la sociabilité. C’est le jeu très ludique, qui prépare la prochaine génération d’anarchistes, celle qui casse tout dans les rues, tous ces petits cubes de voitures et de commerces. Certains disent donc, que ce jeu commence à être dangereux, d’autres que de toute façon, il est trop tard. Le jeu a déjà été joué par trop d’enfants et trop de parents sont devenus impuissants pour le retirer de leurs mains. Dans tous les cas, les effets indésirables du JE sont tellement évidents dans la génération actuelle, qu’il serait temps de changer de jeu et de la prendre en main.

Pour nous, les chrétiens, nous ne pouvons laisser les ténèbres nous surprendre. Nous sommes de la lumière. Le jeu de l’égo n’est pas pour nos enfants. Enseignons-leur plutôt à considérer que la vie n’est pas un jeu et que son enjeu est le salut de leur âme. Enlevons donc du marché de la perdition, ce JE destiné à un funeste avenir et disons comme l’apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. » Quelle délivrance que la fin du JE de l’égo ! Éduquons nos enfants pour qu’ils acceptent de s’en séparer. Et, pour cela, ils ont besoin de notre amour et non de notre laxisme, de notre aide et non de notre légalisme. Offrons-leur donc un autre JE : JE vis pour Dieu. Ils nous offriront, en retour, ce JE tant réjouissant, mais trop longtemps absent : « JE t’aime maman, JE t’aime papa ! » ALLÉLUIA !